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 Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ...

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LaraC
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LaraC


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MessageSujet: Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ...   Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ... EmptyJeu 23 Mar 2006 - 13:22

En mémoire à des milliers de victimes du 5 juillet 1962 à ORAN

L'Algérie devenue indépendante, l'administration française n'avait plus qu'à se retirer pour laisser la place à une structure nouvelle. A Alger, le chef de l'exécutif provisoire, Farès, pouvait régler la transition avec Ben Khedda.
A Oran, ce fut à peu près le vide. Le secrétaire du général Katz, M. Thierry Godecher écrivait le 5 juillet (selon une lettre qu'il a envoyée au Monde et que ce journal a publié le 25 juillet 1972).
Depuis hier soir l'atmosphère s'est considérablement alourdie à Oran. Certes l'armée française n'avait pas évacué la cité. Mais, en dehors de quelques postes en ville, ses hommes étaient consignés dans leurs casernes.
Le général Katz selon M. Gérard Israël, avait des instructions incompréhensibles. Les troupes françaises n'étant plus en France n'avaient le droit d'intervenir que si les autorités algériennes le leur permettaient.

Les garanties qu'on avait données aux civils aux derniers jours de la domination française l'avaient été avec une légèreté difficile à excuser. En fait, l'ordre reposait sur l'ALN Sept ''Katibas'' étaient entrées à Oran le 3 juillet et avaient défilé devant le capitaine Bakhti et le premier adjoint au maire d'Oran Roger Coignard. Le capitaine Bakhti avait participé à la réunion où s'était formée la commission de conciliation. Il avait rassuré ses auditeurs. Il répéta ces propos L'ALN est présente à Oran. Pas question d'égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure.

Deux jours plus tard, pourtant, on égorgea. Ce 5 juillet, au cours de la matinée, une foule considérable de Musulmans se rendit des quartiers arabes dans la ville française.

Une foule prodigieusement excitée, dit le consul honoraire de Suisse M. Gehrig, criant, dansant, brandissant les drapeaux verts et blancs tandis que les femmes lançaient leurs yous-yous stridents qui expriment la joie aussi bien qu'ils animent les guerriers à combattre.

Fait insolite, il y avait des hommes armés dans ce cortège pacifique, presque tous précise M. Thierry Godechot.

On sait que les Arabes aiment faire parler la poudre
Mais ils ne font pas la fantasia en pleine ville.
Craignaient-ils une attaque ?
Voulaient-ils faire payer aux Français leur résistance à l'indépendance algérienne ?

Le fait certain est que vers onze heures, quand le cortège se trouvait place d'Armes, des coups de feu retentirent. Des cris s'élevèrent C'est l'OAS ! L'OAS nous a tiré dessus.

Ce fut le signal du massacre.
Des manifestants armés commencèrent à tirer au hasard, abattant parfois leurs compagnons, puis attaquant des sentinelles françaises devant le Château neuf, siège du commandement français, et l'Hôtel Martinez, où logeaient beaucoup d'officiers. Celles-ci ripostèrent. Des Musulmans tombèrent. Tandis que la masse des manifestants se dispersait dans tous les sens, des bandes d'hommes armés, dont beaucoup en uniforme se lancèrent dans la ville européenne et commencèrent à abattre les gens qu'ils rencontraient.

Un témoignage, celui de M. G. Jaume le confirme. Employé au service de la répression des fraudes, celui-ci devait aller à son bureau, 52 rue du Général Parradou. Il prit l'autobus à Saint Hubert. Au cours du trajet, des musulmans y montèrent et fixèrent à l'extérieur du véhicule des drapeaux algériens. Un voyageur arabe ayant remarqué M. Jaume, le seul Européen du convoi commença à dire à voix haute : Ça sent le roumi ici et esquissa un geste menaçant. Ses camarades l'arrêtèrent en lui disant : Pas encore. Tu vas tout faire rater. Un des voisins dit en arabe à son voisin : Qu'on est bourricots, ça va tout casser. Les choses n'allèrent pas plus loin. Mr Jaume put descendre de l'autobus sans incident et entrer dans son bureau. Mais lorsqu'il en sortit, à midi, la chasse à l'Européen était ouverte. Il retourna dans son bureau, persuadé que les phrases qu'il avait entendues dans l'autobus dénotaient la préméditation du massacre.

Cette préméditation a été niée par les autorités, qui rejetèrent la responsabilité des faits sur une provo-cation européenne. C'est l'OAS, criaient les Musulmans de la place d'Armes.

Et M. Godechot, qui reflète ce que pensait l'entourage du général Katz, notait le 5 juillet : un élément OAS aurait tiré sur un cortège musulman, déclenchant une fusillade qui a duré une heure. (On notera au passage le conditionnel prudent de l'auteur et l'inexactitude de ses renseignement, le massacre ayant duré de 11 heures à 17 heures). Cette assertion est contredite par le docteur Raymond Alquié, ex- adjoint au maire d'Oran, qui objecte que les commandos de l'organisation avaient quitté l'Algérie à ce moment-là.

Il semble donc inutile d'ajouter aux actions de l'OAS celle-là. Reste l'hypothèse qu'un isolé, un de ces enragés qui rendaient la justice par leurs propres moyens, ait été exaspéré par le triomphe bruyant des Musulmans et ait tiré sur eux. Mais personne n'a vu cet enragé, personne n'a donné son signalement. En revanche on a vu beaucoup de Musulmans brandir des armes, puis s'en servir sur les cibles vivantes que constituaient les roumis qu'ils rencontraient.

Si l'existence d'Européens capables de faire un carton sur un passant arabe dans la ville française est indéniable, il est non moins vrai que dans la ville arabe, il y avait des tueurs, qui bien avant l'entrée en scène de l'OAS, avaient abattu ou enlevé des Européens. Qu'après la victoire de l'insurrection algérienne, ils aient voulu se venger, venger leurs camarades tombés dans leur guerre de libération entre dans leur logique.

Le fait certain est qu'à partir des premières détonations sur la place Foch, des Algériens, les uns en uniforme, les autres en civil se lancèrent dans la ville européenne et tuèrent à tort et à travers, abattant ceux qu'ils rencontraient, comme le propriétaire de l'Hôtel Martinez ou allant chercher leurs victimes dans les restaurants - on était à l'heure du repas, les bars, les boutiques, voire dans leurs appartements.
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MessageSujet: Re: Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ...   Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ... EmptyJeu 23 Mar 2006 - 13:26

LaraC a écrit:
En mémoire à des milliers de victimes du 5 juillet 1962 à ORAN

L'Algérie devenue indépendante, l'administration française n'avait plus qu'à se retirer pour laisser la place à une structure nouvelle. A Alger, le chef de l'exécutif provisoire, Farès, pouvait régler la transition avec Ben Khedda.
A Oran, ce fut à peu près le vide. Le secrétaire du général Katz, M. Thierry Godecher écrivait le 5 juillet (selon une lettre qu'il a envoyée au Monde et que ce journal a publié le 25 juillet 1972).
Depuis hier soir l'atmosphère s'est considérablement alourdie à Oran. Certes l'armée française n'avait pas évacué la cité. Mais, en dehors de quelques postes en ville, ses hommes étaient consignés dans leurs casernes.
Le général Katz selon M. Gérard Israël, avait des instructions incompréhensibles. Les troupes françaises n'étant plus en France n'avaient le droit d'intervenir que si les autorités algériennes le leur permettaient.

Les garanties qu'on avait données aux civils aux derniers jours de la domination française l'avaient été avec une légèreté difficile à excuser. En fait, l'ordre reposait sur l'ALN Sept ''Katibas'' étaient entrées à Oran le 3 juillet et avaient défilé devant le capitaine Bakhti et le premier adjoint au maire d'Oran Roger Coignard. Le capitaine Bakhti avait participé à la réunion où s'était formée la commission de conciliation. Il avait rassuré ses auditeurs. Il répéta ces propos L'ALN est présente à Oran. Pas question d'égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure.

Deux jours plus tard, pourtant, on égorgea. Ce 5 juillet, au cours de la matinée, une foule considérable de Musulmans se rendit des quartiers arabes dans la ville française.

Une foule prodigieusement excitée, dit le consul honoraire de Suisse M. Gehrig, criant, dansant, brandissant les drapeaux verts et blancs tandis que les femmes lançaient leurs yous-yous stridents qui expriment la joie aussi bien qu'ils animent les guerriers à combattre.

Fait insolite, il y avait des hommes armés dans ce cortège pacifique, presque tous précise M. Thierry Godechot.

On sait que les Arabes aiment faire parler la poudre
Mais ils ne font pas la fantasia en pleine ville.
Craignaient-ils une attaque ?
Voulaient-ils faire payer aux Français leur résistance à l'indépendance algérienne ?

Le fait certain est que vers onze heures, quand le cortège se trouvait place d'Armes, des coups de feu retentirent. Des cris s'élevèrent C'est l'OAS ! L'OAS nous a tiré dessus.

Ce fut le signal du massacre.
Des manifestants armés commencèrent à tirer au hasard, abattant parfois leurs compagnons, puis attaquant des sentinelles françaises devant le Château neuf, siège du commandement français, et l'Hôtel Martinez, où logeaient beaucoup d'officiers. Celles-ci ripostèrent. Des Musulmans tombèrent. Tandis que la masse des manifestants se dispersait dans tous les sens, des bandes d'hommes armés, dont beaucoup en uniforme se lancèrent dans la ville européenne et commencèrent à abattre les gens qu'ils rencontraient.

Un témoignage, celui de M. G. Jaume le confirme. Employé au service de la répression des fraudes, celui-ci devait aller à son bureau, 52 rue du Général Parradou. Il prit l'autobus à Saint Hubert. Au cours du trajet, des musulmans y montèrent et fixèrent à l'extérieur du véhicule des drapeaux algériens. Un voyageur arabe ayant remarqué M. Jaume, le seul Européen du convoi commença à dire à voix haute : Ça sent le roumi ici et esquissa un geste menaçant. Ses camarades l'arrêtèrent en lui disant : Pas encore. Tu vas tout faire rater. Un des voisins dit en arabe à son voisin : Qu'on est bourricots, ça va tout casser. Les choses n'allèrent pas plus loin. Mr Jaume put descendre de l'autobus sans incident et entrer dans son bureau. Mais lorsqu'il en sortit, à midi, la chasse à l'Européen était ouverte. Il retourna dans son bureau, persuadé que les phrases qu'il avait entendues dans l'autobus dénotaient la préméditation du massacre.

Cette préméditation a été niée par les autorités, qui rejetèrent la responsabilité des faits sur une provo-cation européenne. C'est l'OAS, criaient les Musulmans de la place d'Armes.

Et M. Godechot, qui reflète ce que pensait l'entourage du général Katz, notait le 5 juillet : un élément OAS aurait tiré sur un cortège musulman, déclenchant une fusillade qui a duré une heure. (On notera au passage le conditionnel prudent de l'auteur et l'inexactitude de ses renseignement, le massacre ayant duré de 11 heures à 17 heures). Cette assertion est contredite par le docteur Raymond Alquié, ex- adjoint au maire d'Oran, qui objecte que les commandos de l'organisation avaient quitté l'Algérie à ce moment-là.

Il semble donc inutile d'ajouter aux actions de l'OAS celle-là. Reste l'hypothèse qu'un isolé, un de ces enragés qui rendaient la justice par leurs propres moyens, ait été exaspéré par le triomphe bruyant des Musulmans et ait tiré sur eux. Mais personne n'a vu cet enragé, personne n'a donné son signalement. En revanche on a vu beaucoup de Musulmans brandir des armes, puis s'en servir sur les cibles vivantes que constituaient les roumis qu'ils rencontraient.

Si l'existence d'Européens capables de faire un carton sur un passant arabe dans la ville française est indéniable, il est non moins vrai que dans la ville arabe, il y avait des tueurs, qui bien avant l'entrée en scène de l'OAS, avaient abattu ou enlevé des Européens. Qu'après la victoire de l'insurrection algérienne, ils aient voulu se venger, venger leurs camarades tombés dans leur guerre de libération entre dans leur logique.

Le fait certain est qu'à partir des premières détonations sur la place Foch, des Algériens, les uns en uniforme, les autres en civil se lancèrent dans la ville européenne et tuèrent à tort et à travers, abattant ceux qu'ils rencontraient, comme le propriétaire de l'Hôtel Martinez ou allant chercher leurs victimes dans les restaurants - on était à l'heure du repas, les bars, les boutiques, voire dans leurs appartements.
M. Gérard Israël a raconté le traitement infligé aux clients de l'Otomatic. Une dizaine d'hommes (de l'ALN) en uniforme camouflé entrent dans le restaurant. Ils fouillent tout le monde. Vous n'avez pas d'armes ? On nous a tiré dessus de votre direction. Celui qui semble le chef dit d'un ton rageur : Ils ont dû planquer les armes, allez au commissariat central. On verra là-bas. Les vingt consommateurs sortent du restaurant, les mains sur la tête. Il arrivent au commissariat central. Le chef de poste demande à celui qui dirigeait l'escorte : - Qu'est-ce qu'ils ont fait ? - Ils nous ont tiré dessus - Avez-vous trouvé des armes ? - Non - Bon, qu'ils attendent ici - Si on les tuait tout de suite - Non, pas tout de suite.

Même scène dans un restaurant grec de la rue de la Fonderie Des musulmans sont arrivés subitement, ont ouvert la porte et tiré à bout portant sur les gens qui prenaient leur repas, raconte le consul honoraire de Suisse, René Gehrig. Plusieurs personnes ont été tuées, d'autres encore ont été enlevées, parmi lesquelles mes amis Mascaro, Palumbo et Bonamy. Ceux qui avaient un nom à consonance française ont été relâchés pour la plupart, dont Bonamy. Par contre, on n'a plus jamais revu les autres parmi lesquels étaient Mascaro et Palumbo. Les restaurants et les débits de boisson ne furent pas seuls à recevoir les épurateurs.

Vers midi, une douzaine d'indigènes en uniforme entrèrent dans l'hôtel des postes, arrêtèrent 35 fonction- naires, pris, semble-t-il, arbitrairement et les menèrent au commissariat central. Il furent remis en liberté vers 16h30, après l'intervention d'officiers de zouaves. Mais tous ne furent pas sauvés pour cela.

Le directeur-adjoint, M. Roger Jourde, partit de la Poste emmenant dans sa voiture l'inspecteur central Davo et Mme Bettan, contrôleur principal des PTT, épouse d'un instituteur et mère de quatre enfants. On ne les revit jamais plus. Circuler dans les rues d'Oran était courir un péril de mort. Un agent technique stagiaire, M. Legendre, reçut une balle dans la joue, rue de Mostaganem.
Il fut conduit à l'hôpital, soigné, puis disparut. Au total, neuf fonctionnaires des postes d'Oran furent victimes du massacre.
Non loin de là, rue d'Alsace- Lorraine, des hommes en uniforme abattaient le quartier-maître de la Marine Christian Romero qui passait devant eux en motocyclette. M. René Gehrig, revenant de son bureau vers une heure et demie dans des rues désertes, s'entendit interpeller par un voisin qui lui cria de se mettre à l'abri, car les Arabes tuent tout le monde. Il se mit dans l'embrasure d'une porte en voyant arriver une voiture d'où descendirent des hommes en uniforme qui abattirent un homme au coin de la rue. Rentré dans son bureau, le consul honoraire revit la voiture qui avait fait le tour du pâté de maisons.
C'était, dit-il, une petite camionette sur laquelle quatre Musulmans avaient pris place chacun ayant une mitraillette à la main. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait, parfois dans les vitrines ou les fenêtres ouvertes... et ils rigolaient. Dans le parking, un autre Européen arrive à son tour pour se garer.

Il semble que les Musulmans lui demandent ses papiers... mais au moment où il met sa main dans la poche, l'un deux lui tire à bout portant, une balle dans la tête. Vers cinq heures du soir, la fusillade ayant diminué d'intensité et les gendarmes mobiles étant sortis de leurs casernes, M. Gehrig retourna chez lui.
Près de son domicile, rue Dutertre, il vit une nouvelle scène funèbre. Devant moi, expose-t-il, à 30 ou 40 mètres une grosse voiture. Elle s'arrête subitement.
J'aperçois quelques Arabes, revolver ou mitraillette au poing qui font descendre les deux Européens de la grosse voiture. Cela m'a permis de rentrer précipitamment. De mon balcon du 3 ème étage, à plat ventre pour ne pas être vu, j'ai pu apercevoir les deux Européens emmenés par les Arabes, leur voiture restée seule au milieu de la chaussée...
J'ai su après que l'on n'avait jamais plus eu de leurs nouvelles. M. et Mme Paul Benaroch, qui pensaient rester en Algérie, descendaient vers le centre de la ville par le faubourg Choupot.
Le frère du mari et son beau-père se trouvaient également dans la voiture. Un camion arrêté gênait le passage.
Devant lui, une douzaine d'Algériens en treillis, coiffés d'une casquette militaire et deux hommes en kaki, tous armés de mitraillettes, sauf le chef qui portait un pistolet, assuraient le contrôle de la rue.
Le chef, après avoir fait arrêter l'auto dit d'un ton agressif : Descendez immédiatement et vous allez payer ce que vous avez fait. Sous la menace des armes, les passagers furent collés au mur. Une jeep occupée de quatre CRS français, passa alors sans s'occuper des malheureux, dont le sort semblait décidé. La chance voulut que le père de Mme Benaroch connût pour des raisons professionnelles un tripier arabe dont il cita le nom comme témoin de ses bons sentiments vers le FLN.

Le chef de groupe laissa alors partir les prisonniers qu'un motard arabe qui portait l'uniforme kaki des agents de police de l'ex-Algérie française, escorta jusqu'à leur domicile. Pendant le trajet, les Benaroch virent d'autres Algériens faire descendre d'auto ou sortir de leur demeure des Européens qu'ils enfournaient dans des camions où ils devaient faire un voyage probablement sans retour. Tout le monde n'eut pas la chance des Benaroch.

Deux fonctionnaires du service hydraulique de Mostaganem venus à Oran pour des raisons de service, M. Henri Prudhomme et M. Jean Ferrio ont été vus le 5 juillet vers trois heures par un ingénieur, M. Rezzi, boulevard Hippolyte Giraud.
Puis ils ont disparu. M. Christian Husté, inspecteur principal des contributions, quitta en voiture son domicile, cité Protin, pour s'embarquer pour la France, il n'arriva pas au port. Le même sort échut à Roger Courette, des Abdellys, qui fut enlevé en partant d'Oran.

M. Cyr Jacquemain partit de son domicile de la cité Robespierre, à Saint Eugène, à 13 heures avec son oncle, M. Joseph Garcia à bord d'une 403. On ne sut plus rien d'eux. M. Jean Barthe, inspecteur principal des PTT nous a exposé que sa mère avait vu de son HLM de la cité Maraval des indigènes forcer un jeune Européen à descendre de sa voiture et l'emmener.
Madame Jeannine Navarro sortant de son travail, rue du général Leclerc, rencontra une femme en chemise de nuit, pieds nus, échevelée, qui lui demanda : ''Madame, dites-moi où ils ont emporté mon mari ? Celui-ci venait d'être enlevé sans qu'on lui laissât le temps de se vêtir. La famille d'un officier, M. Ricard comprenant la mère, trois filles, un fils et le fiancé d'une des filles, Christian Mismacque était dans sa villa. Elle a disparu toute entière. M. André Lopez, qui avait une épicerie au faubourg Maraval a été enlevé par des musulmans au moment où il prenait son repas. On trouva dans sa cuisine des assiettes et du riz sur le sol, sur les murs des taches de sang.
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MessageSujet: Re: Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ...   Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ... EmptyJeu 23 Mar 2006 - 13:31

LaraC a écrit:
LaraC a écrit:
En mémoire à des milliers de victimes du 5 juillet 1962 à ORAN

L'Algérie devenue indépendante, l'administration française n'avait plus qu'à se retirer pour laisser la place à une structure nouvelle. A Alger, le chef de l'exécutif provisoire, Farès, pouvait régler la transition avec Ben Khedda.
A Oran, ce fut à peu près le vide. Le secrétaire du général Katz, M. Thierry Godecher écrivait le 5 juillet (selon une lettre qu'il a envoyée au Monde et que ce journal a publié le 25 juillet 1972).
Depuis hier soir l'atmosphère s'est considérablement alourdie à Oran. Certes l'armée française n'avait pas évacué la cité. Mais, en dehors de quelques postes en ville, ses hommes étaient consignés dans leurs casernes.
Le général Katz selon M. Gérard Israël, avait des instructions incompréhensibles. Les troupes françaises n'étant plus en France n'avaient le droit d'intervenir que si les autorités algériennes le leur permettaient.

Les garanties qu'on avait données aux civils aux derniers jours de la domination française l'avaient été avec une légèreté difficile à excuser. En fait, l'ordre reposait sur l'ALN Sept ''Katibas'' étaient entrées à Oran le 3 juillet et avaient défilé devant le capitaine Bakhti et le premier adjoint au maire d'Oran Roger Coignard. Le capitaine Bakhti avait participé à la réunion où s'était formée la commission de conciliation. Il avait rassuré ses auditeurs. Il répéta ces propos L'ALN est présente à Oran. Pas question d'égorgements. Bien au contraire, nous vous garantissons une vie meilleure.

Deux jours plus tard, pourtant, on égorgea. Ce 5 juillet, au cours de la matinée, une foule considérable de Musulmans se rendit des quartiers arabes dans la ville française.

Une foule prodigieusement excitée, dit le consul honoraire de Suisse M. Gehrig, criant, dansant, brandissant les drapeaux verts et blancs tandis que les femmes lançaient leurs yous-yous stridents qui expriment la joie aussi bien qu'ils animent les guerriers à combattre.

Fait insolite, il y avait des hommes armés dans ce cortège pacifique, presque tous précise M. Thierry Godechot.

On sait que les Arabes aiment faire parler la poudre
Mais ils ne font pas la fantasia en pleine ville.
Craignaient-ils une attaque ?
Voulaient-ils faire payer aux Français leur résistance à l'indépendance algérienne ?

Le fait certain est que vers onze heures, quand le cortège se trouvait place d'Armes, des coups de feu retentirent. Des cris s'élevèrent C'est l'OAS ! L'OAS nous a tiré dessus.

Ce fut le signal du massacre.
Des manifestants armés commencèrent à tirer au hasard, abattant parfois leurs compagnons, puis attaquant des sentinelles françaises devant le Château neuf, siège du commandement français, et l'Hôtel Martinez, où logeaient beaucoup d'officiers. Celles-ci ripostèrent. Des Musulmans tombèrent. Tandis que la masse des manifestants se dispersait dans tous les sens, des bandes d'hommes armés, dont beaucoup en uniforme se lancèrent dans la ville européenne et commencèrent à abattre les gens qu'ils rencontraient.

Un témoignage, celui de M. G. Jaume le confirme. Employé au service de la répression des fraudes, celui-ci devait aller à son bureau, 52 rue du Général Parradou. Il prit l'autobus à Saint Hubert. Au cours du trajet, des musulmans y montèrent et fixèrent à l'extérieur du véhicule des drapeaux algériens. Un voyageur arabe ayant remarqué M. Jaume, le seul Européen du convoi commença à dire à voix haute : Ça sent le roumi ici et esquissa un geste menaçant. Ses camarades l'arrêtèrent en lui disant : Pas encore. Tu vas tout faire rater. Un des voisins dit en arabe à son voisin : Qu'on est bourricots, ça va tout casser. Les choses n'allèrent pas plus loin. Mr Jaume put descendre de l'autobus sans incident et entrer dans son bureau. Mais lorsqu'il en sortit, à midi, la chasse à l'Européen était ouverte. Il retourna dans son bureau, persuadé que les phrases qu'il avait entendues dans l'autobus dénotaient la préméditation du massacre.

Cette préméditation a été niée par les autorités, qui rejetèrent la responsabilité des faits sur une provo-cation européenne. C'est l'OAS, criaient les Musulmans de la place d'Armes.

Et M. Godechot, qui reflète ce que pensait l'entourage du général Katz, notait le 5 juillet : un élément OAS aurait tiré sur un cortège musulman, déclenchant une fusillade qui a duré une heure. (On notera au passage le conditionnel prudent de l'auteur et l'inexactitude de ses renseignement, le massacre ayant duré de 11 heures à 17 heures). Cette assertion est contredite par le docteur Raymond Alquié, ex- adjoint au maire d'Oran, qui objecte que les commandos de l'organisation avaient quitté l'Algérie à ce moment-là.

Il semble donc inutile d'ajouter aux actions de l'OAS celle-là. Reste l'hypothèse qu'un isolé, un de ces enragés qui rendaient la justice par leurs propres moyens, ait été exaspéré par le triomphe bruyant des Musulmans et ait tiré sur eux. Mais personne n'a vu cet enragé, personne n'a donné son signalement. En revanche on a vu beaucoup de Musulmans brandir des armes, puis s'en servir sur les cibles vivantes que constituaient les roumis qu'ils rencontraient.

Si l'existence d'Européens capables de faire un carton sur un passant arabe dans la ville française est indéniable, il est non moins vrai que dans la ville arabe, il y avait des tueurs, qui bien avant l'entrée en scène de l'OAS, avaient abattu ou enlevé des Européens. Qu'après la victoire de l'insurrection algérienne, ils aient voulu se venger, venger leurs camarades tombés dans leur guerre de libération entre dans leur logique.

Le fait certain est qu'à partir des premières détonations sur la place Foch, des Algériens, les uns en uniforme, les autres en civil se lancèrent dans la ville européenne et tuèrent à tort et à travers, abattant ceux qu'ils rencontraient, comme le propriétaire de l'Hôtel Martinez ou allant chercher leurs victimes dans les restaurants - on était à l'heure du repas, les bars, les boutiques, voire dans leurs appartements.
M. Gérard Israël a raconté le traitement infligé aux clients de l'Otomatic. Une dizaine d'hommes (de l'ALN) en uniforme camouflé entrent dans le restaurant. Ils fouillent tout le monde. Vous n'avez pas d'armes ? On nous a tiré dessus de votre direction. Celui qui semble le chef dit d'un ton rageur : Ils ont dû planquer les armes, allez au commissariat central. On verra là-bas. Les vingt consommateurs sortent du restaurant, les mains sur la tête. Il arrivent au commissariat central. Le chef de poste demande à celui qui dirigeait l'escorte : - Qu'est-ce qu'ils ont fait ? - Ils nous ont tiré dessus - Avez-vous trouvé des armes ? - Non - Bon, qu'ils attendent ici - Si on les tuait tout de suite - Non, pas tout de suite.

Même scène dans un restaurant grec de la rue de la Fonderie Des musulmans sont arrivés subitement, ont ouvert la porte et tiré à bout portant sur les gens qui prenaient leur repas, raconte le consul honoraire de Suisse, René Gehrig. Plusieurs personnes ont été tuées, d'autres encore ont été enlevées, parmi lesquelles mes amis Mascaro, Palumbo et Bonamy. Ceux qui avaient un nom à consonance française ont été relâchés pour la plupart, dont Bonamy. Par contre, on n'a plus jamais revu les autres parmi lesquels étaient Mascaro et Palumbo. Les restaurants et les débits de boisson ne furent pas seuls à recevoir les épurateurs.

Vers midi, une douzaine d'indigènes en uniforme entrèrent dans l'hôtel des postes, arrêtèrent 35 fonction- naires, pris, semble-t-il, arbitrairement et les menèrent au commissariat central. Il furent remis en liberté vers 16h30, après l'intervention d'officiers de zouaves. Mais tous ne furent pas sauvés pour cela.

Le directeur-adjoint, M. Roger Jourde, partit de la Poste emmenant dans sa voiture l'inspecteur central Davo et Mme Bettan, contrôleur principal des PTT, épouse d'un instituteur et mère de quatre enfants. On ne les revit jamais plus. Circuler dans les rues d'Oran était courir un péril de mort. Un agent technique stagiaire, M. Legendre, reçut une balle dans la joue, rue de Mostaganem.
Il fut conduit à l'hôpital, soigné, puis disparut. Au total, neuf fonctionnaires des postes d'Oran furent victimes du massacre.
Non loin de là, rue d'Alsace- Lorraine, des hommes en uniforme abattaient le quartier-maître de la Marine Christian Romero qui passait devant eux en motocyclette. M. René Gehrig, revenant de son bureau vers une heure et demie dans des rues désertes, s'entendit interpeller par un voisin qui lui cria de se mettre à l'abri, car les Arabes tuent tout le monde. Il se mit dans l'embrasure d'une porte en voyant arriver une voiture d'où descendirent des hommes en uniforme qui abattirent un homme au coin de la rue. Rentré dans son bureau, le consul honoraire revit la voiture qui avait fait le tour du pâté de maisons.
C'était, dit-il, une petite camionette sur laquelle quatre Musulmans avaient pris place chacun ayant une mitraillette à la main. Ils tiraient sur tout ce qui bougeait, parfois dans les vitrines ou les fenêtres ouvertes... et ils rigolaient. Dans le parking, un autre Européen arrive à son tour pour se garer.

Il semble que les Musulmans lui demandent ses papiers... mais au moment où il met sa main dans la poche, l'un deux lui tire à bout portant, une balle dans la tête. Vers cinq heures du soir, la fusillade ayant diminué d'intensité et les gendarmes mobiles étant sortis de leurs casernes, M. Gehrig retourna chez lui.
Près de son domicile, rue Dutertre, il vit une nouvelle scène funèbre. Devant moi, expose-t-il, à 30 ou 40 mètres une grosse voiture. Elle s'arrête subitement.
J'aperçois quelques Arabes, revolver ou mitraillette au poing qui font descendre les deux Européens de la grosse voiture. Cela m'a permis de rentrer précipitamment. De mon balcon du 3 ème étage, à plat ventre pour ne pas être vu, j'ai pu apercevoir les deux Européens emmenés par les Arabes, leur voiture restée seule au milieu de la chaussée...
J'ai su après que l'on n'avait jamais plus eu de leurs nouvelles. M. et Mme Paul Benaroch, qui pensaient rester en Algérie, descendaient vers le centre de la ville par le faubourg Choupot.
Le frère du mari et son beau-père se trouvaient également dans la voiture. Un camion arrêté gênait le passage.
Devant lui, une douzaine d'Algériens en treillis, coiffés d'une casquette militaire et deux hommes en kaki, tous armés de mitraillettes, sauf le chef qui portait un pistolet, assuraient le contrôle de la rue.
Le chef, après avoir fait arrêter l'auto dit d'un ton agressif : Descendez immédiatement et vous allez payer ce que vous avez fait. Sous la menace des armes, les passagers furent collés au mur. Une jeep occupée de quatre CRS français, passa alors sans s'occuper des malheureux, dont le sort semblait décidé. La chance voulut que le père de Mme Benaroch connût pour des raisons professionnelles un tripier arabe dont il cita le nom comme témoin de ses bons sentiments vers le FLN.

Le chef de groupe laissa alors partir les prisonniers qu'un motard arabe qui portait l'uniforme kaki des agents de police de l'ex-Algérie française, escorta jusqu'à leur domicile. Pendant le trajet, les Benaroch virent d'autres Algériens faire descendre d'auto ou sortir de leur demeure des Européens qu'ils enfournaient dans des camions où ils devaient faire un voyage probablement sans retour. Tout le monde n'eut pas la chance des Benaroch.

Deux fonctionnaires du service hydraulique de Mostaganem venus à Oran pour des raisons de service, M. Henri Prudhomme et M. Jean Ferrio ont été vus le 5 juillet vers trois heures par un ingénieur, M. Rezzi, boulevard Hippolyte Giraud.
Puis ils ont disparu. M. Christian Husté, inspecteur principal des contributions, quitta en voiture son domicile, cité Protin, pour s'embarquer pour la France, il n'arriva pas au port. Le même sort échut à Roger Courette, des Abdellys, qui fut enlevé en partant d'Oran.

M. Cyr Jacquemain partit de son domicile de la cité Robespierre, à Saint Eugène, à 13 heures avec son oncle, M. Joseph Garcia à bord d'une 403. On ne sut plus rien d'eux. M. Jean Barthe, inspecteur principal des PTT nous a exposé que sa mère avait vu de son HLM de la cité Maraval des indigènes forcer un jeune Européen à descendre de sa voiture et l'emmener.
Madame Jeannine Navarro sortant de son travail, rue du général Leclerc, rencontra une femme en chemise de nuit, pieds nus, échevelée, qui lui demanda : ''Madame, dites-moi où ils ont emporté mon mari ? Celui-ci venait d'être enlevé sans qu'on lui laissât le temps de se vêtir. La famille d'un officier, M. Ricard comprenant la mère, trois filles, un fils et le fiancé d'une des filles, Christian Mismacque était dans sa villa. Elle a disparu toute entière. M. André Lopez, qui avait une épicerie au faubourg Maraval a été enlevé par des musulmans au moment où il prenait son repas. On trouva dans sa cuisine des assiettes et du riz sur le sol, sur les murs des taches de sang.
S'il y eut des criminels algériens, il y eut aussi des musulmans qui aidèrent des ''roumis'' à échapper aux balles et aux couteaux des massacreurs.
On a vu plus haut comment l'un d'eux avait sauvé ''Chiquete'' en le jetant hors de la camionette qui le menait à la boucherie.

On nous a cité d'autres cas de cette nature. Par exemple, un musulman voisin de la famille de M. Marcel Larprand, 31 rue Valentin Hauy, faubourg Maraval, vint la ravitailler en cachette, pendant la journée.
Un autre sauva M. Lozes, épicier dans la même rue, qui avait reçu une dizaine de coups de couteau.
Ces Algériens mériteraient de ne pas rester dans l'anonymat.

A partir de cinq heures, les gendarmes mobiles français sortirent de leurs casernes et entreprirent de rétablir l'ordre. C'est à dire que pendant six heures, ils étaient restés l'arme au pied pendant qu' on massacrait dans les rues souvent dans des conditions atroces.
M. Valé a aperçu près du cinéma Rex un corps pendu par la gorge à un croc de boucherie et, un peu plus loin, dépassant d'une poubelle un cadavre, la gorge ouverte d'une oreille à l'autre.


Comment expliquer cette inertie ?
Le général Katz avait l'ordre de ne pas intervenir sans accord avec les autorités algériennes. Il s'y est tenu à la lettre, comme il avait agi depuis son arrivée à Oran, en exécutant aveugle des ordres de ses supérieurs.
La quatrième étoile que lui donna, après la guerre d'Algérie, le général de Gaulle a récompensé son attitude. Il a incontestablement le droit de voir son nom figurer à une place d'honneur au palmarès du gaullisme. Un autre, à sa place, eût peut-être pris l'initiative d'intervenir pour protéger des civils désarmés.


Des colonels, des officiers moins galonnés se seraient peut-être élancés hors de leur caserne. Mais, en 1962, l'obéissance passive régnait.
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MessageSujet: Re: Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ...   Pourquoi je me bats ... Je ne peux oublier ... EmptyJeu 23 Mar 2006 - 13:34

Fin de mon post, je n'ai pas pu le poster en une seule fois :
Personne n'osait prendre d'initiative pour ne pas être assimilé aux soldats perdus.

Et Mme Jeannine Navarro qui demandait à des militaires une aide pour rentrer chez elle s'enten- dait répondre : Madame, nous sommes là pour faire respecter le couvre-feu par les Européens, pas pour les aider. Heureusement pour elle, un sous-officier plus compatissant que ceux-ci s'offrit à la guider et, comme on l'a dit plus haut, des aviateurs la firent monter dans leur véhicule et la ramenèrent chez elle.

La carence des forces françaises fut d'autant plus regrettable que lorsqu'elles sortirent de leur immobilité, leur vue suffit à faire refluer les tueurs dans leurs tanières. A partir de ce moment, les bandes armées musulmanes ne livrèrent pas une seule escarmouche. Il ne resta qu'à ramasser les cadavres et plus tard à constituer le dossier des disparus. La morgue de l'Hôpital civil était pleine.

Dès le 6 juillet, Jean-François Chauvet, envoyé spécial du Figaro à Oran, donnait les chiffres de 96 morts dont 21 Européens et de 163 blessés, dont 40 Français, plus 10 blessés graves militaires dont un officier supérieur.

Mais les demandes de recherche croissaient d'heure en heure pour arriver à cinq cents. Elles émanaient des familles restées à Oran. Mais certains chefs de famille étaient restés seuls dans leur ville. Il n'y avait personne pour signaler leur disparition. Dans la plupart des cas, les recherches n'ont donné aucun résultat. De là les variations extrêmes du bilan de cette journée, 500, selon M. Gérard Israël,

1 500 à 2 000 suivant le Dr Alquié,
autour de 3 000, selon une haute autorité ecclésiastique.
Le 19 mars 1962, le chiffre des disparus en Algérie était de 3 080. On l'estima ensuite à 6 080. Ces trois milles victimes supplémentaires sont prises dans tous les départements algériens, mais le massacre d'Oran ayant été le plus important .de ces mois tragiques, doit en avoir fourni une bonne part.


Ces morts, la France ne les a guère pleurés. Il est vrai qu'elle n'a pas su grand-chose de leur fin. Les organes d'information signalèrent bien les incidents d'Oran, mais ils se gardèrent d'insister.

Il ne fallait pas gâter le plaisir d'avoir retrouvé la paix. Il ne fallait surtout pas annoncer que cent jours après leur signature, les garanties des accords d'Evian n'avaient pas joué.
Ces accords n'étaient-ils pas un des grands actes politiques du plus illustre des Français ?


L'opposition de gauche aurait pu attaquer les hommes au pouvoir, mais elle était anticolonialiste et les victimes étaient des coloniaux.
On tourna donc la page.

Et s'ils avaient su ce qui s'était vraiment passé le 5 juillet à Oran, les Français auraient-ils réagi ? Certains sans aucun doute, Mais la masse ?

On avait tant dit aux hexagonaux que les événements d'Algérie représentaient la révolte des pauvres indigènes opprimés contre les gros colons et les buveurs d'anisette des grandes villes qu'ils auraient conclu qu'il s'agissait d'une bavure de plus de la décolonisation, un événement ennuyeux sans doute, mais irrémédiable.
Le vent de l'Histoire avait soufflé un peu trop fort ce jour-là, mais on ne peut rien contre le vent de l'Histoire, auraient-ils conclu philosophiquement.

Le résultat de cet art de manier la lumière et l'ombre dans la présentation des faits est patent.
Combien de nos compatriotes savent aujourd'hui qu'il y a eu un massacre de Français à Oran le jour de l'indépendance algérienne ?

Ils savent tous que les Allemands de la division Das Reich ont tué les 642 habitants d'Ouradour, en 1944. Mais ils ignorent tout de celui d'Oran. On pourrait en conclure qu'il y a une hiérarchie dans les tueries, qu'il y en a qu'il faut perpétuer et d'autres sur lesquelles il faut jeter un voile.

Qu'on nous excuse d'avoir eu le mauvais goût de tirer de l'oubli le massacre de tant de nos concitoyens.
Claude Martin
Extrait de l'Agonie d'Oran de C. Martin et G. de Temant -

J'ai vécu ce 5 juillet, et j'étais haute comme trois pommes. Puisse Dieu faire que jamais Notre Pays connaisse "les évènements" d'Algérie ...
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