La Cour des comptes vient de confirmer ce que toute personne, ayant été au chômage au moins une fois dans sa vie, savait déjà : l’ ANPE ne sert actuellement à rien.
C’est ce que reconnaît aussi le Ministère de l’emploi par les études interposées de son Centre de recherche : dans 93% des cas, ce n’est pas grâce à l’ANPE qu’un chômeur trouve un emploi. Sauf, faudrait-il rajouter, s’il s’agit d’être embauché à l’ANPE, car, selon une règle bien établie, moins un service public est utile, plus on y embauche. Au moment de la mise en place des fameuses 35 heures, les syndicats avaient exigé davantage de personnel pour « faire face » ; c’est ainsi que le Gouvernement, cédant une fois de plus, avait augmenté les effectifs de l’Agence de 33%, qui passaient de 17 000 à plus de 21000 fonctionnaires. Avec une telle progression, autant dire que, proportionnellement, l’ANPE devenait le premier employeur du Pays en affichant paradoxalement les résultats les plus minables !
Et pour quelles prestations ? Des entretiens qui ne servent qu’à pointer le cahier des charges des Agents, des réunions où l’on vous fait remplir cinq à six fois le même questionnaire, et au mieux , la connaissance de curriculum vitae totalement obsolètes (et qu’une Loi imbécile rendra bientôt anonymes, donc inexploitables !). Si le nombre de chômeurs augmente, les syndicats trouveront matière à réclamer des renforts de fonctionnaires, et si le chômage venait à baisser, il en faudrait de nouveaux pour, sans doute, « accélérer un processus » qui ne doit pourtant rien à l’Agence. Il n’y a que deux solutions : soit conserver l’ANPE mais à condition d’en baisser les effectifs et de responsabiliser strictement ses formateurs aux exigences de résultats et aux suivis personnalisés ; soit démembrer l’ANPE et la décentraliser, géographiquement et catégoriellement, sous la responsabilité des Régions, des Chambres de commerce, et en liaison étroite avec tous les écoles professionnelles et les entreprises.
Mais dans tous les cas, l’heure est venue de la mettre en concurrence avec des organismes privés, l’heure est venue de rompre un monopole improductif, une machine à marginaliser.
Car on ne peut sérieusement et décemment confier l’avenir de personnes brisées et la vocation d’entreprendre à des personnels au statut privilégié qu’une routine administrative a coupés des réalités.