Source : AMI France
Nous avons de quoi être concernés de près par l’Iran à travers Eurodif. Si la France condamne actuellement le programme nucléaire iranien, il faut noter ironiquement que c’est elle qui en est à l’origine. Donc il y avait un moment où il était utile d’aider l’Iran et un autre maintenant où c’est très dangereux ?
Rappelons que les actionnaires d’Eurodif (créé en 1973) sont la France, la Belgique, l’Italie, l’Espagne, et… l’Iran. A ce titre
l’Iran reçoit 10 pour cent de l’uranium enrichi produit dans la centrale du Tricastin (que quelqu’un me contredise si ce n’est plus le cas maintenant!) Rajoutons que l’Iran s’est équipé de centrales nucléaires de fabrication… américaine vendues par la France et l’Allemagne. C’était au temps du Shah. Après 1979 et la révolution islamiste, la France refuse à l’Iran d’exercer son actionnariat.
La France arrête pendant dix ans la fourniture de combustible et cesse de rembourser sa dette d’un million de dollars prêtés par l’Iran au CEA pour la construction d’Eurodif. Il est délicat de juger le bien-fondé de cette rupture de contrat ; d’ailleurs la France a-t-elle ignoré le changement qui allait s’opérer quand l’ayatollak Khomeny préparait comme par hasard sa prise de pouvoir depuis sa résidence en France ?
Il est vrai que le contentieux avec l’Iran concerne assez directement Jacques Chirac : Il y a les trois attentats de Paris en 1986, la négociation menée par Jacques Chirac premier ministre pour le retour des otages en 1988, en échange de la reprise de l’actionnariat de l’Iran dans Eurodif. Le retour des otages s’est fait entre les deux tours des élections présidentielles, ce qui a été interprété par certains comme une volonté de dévaforiser la candidature de Jacques Chirac.
Aujourd’hui, alors que la France s’est opposée à la guerre d’Irak, on remarque que la France (accompagnée de l’Allemagne) s’aligne sur les positions des Etats-Unis et de l’Angleterre, qui comdamnent le programme nucléaire iranien (belle hypocrisie), menacent l’Iran, voire mettent tout en place pour la préparation d’une guerre avec des frappes nucléaires, même si cela semble une folie irresponsable.
Il serait donc temps que les gouvernements européens dépassent leur contentieux passé et choisissent la voie raisonnable - et démocratique - pour sortir d’une crise qui recouvre des enjeux de pouvoir mondial. Car les populations sont défavorables à la poursuite de conflits au moyen-orient. Il ne faudrait pas que les vendeurs de nucléaire (ou de pétrole !) se parent de la vertu pacifique qu’ils n’ont jamais eue pour nous montrer une fausse route.
Jean-Louis Ramel